Suite de la rencontre avec Marius Jauffret sur l’Adamant. Où il est question entre autres de l’absence de liberté de circuler, de l’architecture, du pouvoir médical… Toutes les questions posées au cours de l’enregistrement n’ont pu être retenues compte tenu du dispositif de capture sonore. Il faut parfois tendre l’oreille…
Marius Jauffret était notre invité en ce début d’année 2021 sur le bâtiment flottant de l’Adamant pour nous parler de son livre, Le fumoir et de son expérience de la psychiatrie, de son hospitalisation sous contrainte. Voilà la première partie de cette rencontre où il nous raconte les circonstances qui l’ont amené à se retrouver hospitalisé en psychiatrie.
Nous arrivons à la fin du chapitre où il est question du père d’Ivan, du lieu où réside son âme. Un autre chapitre de la généalogie s’ouvre avec un tableau du peintre Valentin Serov, l’Enlèvement d’Europe. D’un continent à l’autre, quelle transmission faut-il espérer?
Nous remettons la phrase interrompue lors de l’épisode précédent sur le métier. Qu’a voulu dire l’auteur par « humble », comment traduire ce mot, que faire des guillemets, comment les interpréter? Comment qualifier l’ambiance de l’époque soviétique : étouffante, pesante, oppressante? Que pouvait répondre un enfant à son institutrice lui demandant ce qu’il avait pensé d’un tableau représentant Lénine? Enfin, qui parle?
Depuis plusieurs mois, Ivan s’est lancé dans la traduction d’un livre écrit en Russe, sa langue maternelle, par son oncle paternel. Dans ce travail de longue haleine, éprouvant, douloureux parfois, chaque mot est interrogé, soupesé, évalué, chaque mot est une invitation à dériver, à sortir de la phrase, décider d’une version est de l’ordre de l’impossible ou presque. Ceci est la première partie d’une série consacrée à ce travail.
C’est un lieu de passage, avec des portes qui s’ouvrent et se ferment sans arrêt, des bruits de clefs, on traîne des sacs, quelqu’un passe la serpillère, un autre divague, au loin une voix qui grésille, une radio qui hurle en trombe, des bonjours discrets. Un couloir d’hôpital psychiatrique. Avec un piano. Ivan aime jouer, Bach, Scriabine, des airs populaires russes… Bonne écoute.
Pour le créneau documentaire hebdomadaire d’octobre, Radio Grenouille vous propose une sélection de formes radiophoniques, émissions et documentaires de création, liées à des ateliers en milieu de soin ou d’entraide. Tous ont été réalisés en 2020 et témoignent de la vivacité de la radio et du son comme médium empathique, créateur, émancipateur.
Pendant « le confinement », privés de lieux pour se réunir, des ateliers radio — Bruits de couloir en Seine Saint-Denis et La Ouève à Paris — ont continué à émettre à travers les ondes ou les flux numériques de manière à faire résonner les voix, les mondes, le regard et les inquiétudes de communautés habituellement rassemblées autour de lieux collectifs : un local à Saint-Denis, celui de La Trame, mais aussi de la radio Bruits de couloir ; la péniche du Centre de jour L’Adamant, dont la bibliothèque fait office de studio pour « La Ouève ».
Comment rester en lien, se faire signe, poursuivre un exercice de l’écoute et de l’écho, fabriquer ce grand « répondeur collectif », cet outil de liaison dont nous avions besoin ? Au terme du confinement, en juillet 2020, La Ouève et Bruits de couloir se sont données rendez-vous sur la péniche du Centre de jour de l’Adamant pour partager leur expérience respective de la radio. On entendra ici paroles et archives de cette traversée au « pays des confins » de deux foyers hertziens attachés à expérimenter la radio à partir d’un atelier hebdomadaire.
« Bruits de couloir » est une émission fabriquée lors d’un atelier hebdomadaire avec les Groupes d’Entraide Mutuelle de Seine Saint-Denis et La Trame : https://www.mixcloud.com/BruitSdecouloir/ et diffusée sur Fréquence Paris Plurielle 106.3 FM.
« La Ouève » est l’atelier radio du club thérapeutique du Centre de jour l’Adamant / lieu d’accueil thérapeutique du service de psychiatrie publique Paris-Centre.
Rachel Suiro raconte l’épreuve qu’a été pour elle le temps du confinement et du déconfinement. Période de doute face à la multiplicité des interdits, des gestes protocolisés. Parenthèse de la vie de tous les jours, pause du quotidien avant un nouveau souffle vers le ré-apprentissage de la liberté.
Ici vivent des perruches, en liberté, dans une pièce de l’appartement. Enfin, elles sont confinées à une pièce mais en liberté dans celle-ci. Il y a 2 couples. Witold habite ici depuis une cinquantaine d’années au milieu de piles de livres, de masques, de peintures, d’une multitude d’objets hétéroclites. Un univers habité dont on serait tenté d’explorer chaque recoin, d’en faire la carte et sa légende. Nathalie partage sa vie depuis dix ans, elle prend soin de Witold, de son bien être, décore l’appartement. Ils ont la gentillesse de m’accueillir dans leur nid le temps d’un après-midi.